Me voilà bien. Mais qu'est-ce qui m'a pris, sérieux ? Bon, ok, j'avais pas trop le choix... Mais qu'est-ce qui m'a pris ? J'suis dans la merde maintenant. Je le savais pourtant. Je le savais que c'était pas une bonne idée ! On en m'y reprendra plus à m'en prendre aux révolutionnaires. R'ah, je vais les fuir comme la peste maintenant, sûr de sûr ! P'tain, c'que j'ai l'air con. Saucissonnée comme un beau jambon, je pousse un long soupire, complètement déprimée. Si j'aurais su, j's'rais pô v'nue.

Quelques jours auparavant, notre capitaine "adoré" nous a demandé d'attaquer une petite ville paumée d'une île paumée de Grand Line. Par "nous" j'entends moi et une dizaine d'autres types. Pourquoi il nous demandait ça ? Tout simplement parce que les révolutionnaires avaient foutu le bordel sur l'île d'un de ses alliés, ils souhaitaient donc lui donner une bonne leçon en saccageant une ville sous leur protection. Je le savais que c'était pas une bonne idée. C'est comme s'attaquer à un empereur ou un corsaire, c'est pas une bonne idée. Sauf si on ne souhaite plus vivre. Dans ce cas c'est un bon plan.

Enfin, bref. Tout ça pour dire qu'on s'est fait écraser comme des mouches. La moitié a pris la poudre d'escampette, laissant l'autre moitié gravement blessés ou... morts, pour certains. Personnellement, je me suis faite tailler la cuisse puis assommée. Me voilà désormais ligotée et en prison. La merde. Et j'ai beau faire, je n'arrive pas à me libérer. Ma jambe a été pansée, et mes vêtements ne m'ont pas été enlevés. En fait, on ne m'a confisquée que mes armes. Mes deux haches. Ce qui est normal, d'ailleurs. On laisse rarement un prisonnier garder ses armes...

Je me demande ce qu'on va faire de moi. Peut-être m'interroger ? Me tuer ? Je pâlis à cette idée. Je ne dois pas mourir. Je dois devenir plus forte et tuer mon capitaine. Je dois me libérer, à tous prix. Retrouver mon libre arbitre et protéger ma famille contre quiconque pourrait vouloir lui faire du mal. Empêcher que mon frère ait la même vie pourrie que moi. Il faut que je m'échappe. Ou au moins qu'on me libère. Je pourrais peut-être essayer de négocier ? Ça ne coûte rien d'essayer.

- Hey ! Y'a quelqu'un ?!

Grr, ma voix me paraît un peu trop féminine. Ça m'énerve, ça me trahit ! Si seulement j'avais un fruit du démon permettant de changer ma voix... ou un objet. Je sais pas, n'importe quoi pour que ma voix ne trahisse pas mon genre.

- J'aimerais négocier, s'il vous plaît ! Allô ?

Je continue d'appeler jusqu'à ce qu'un gardien daigne enfin pointer le bout de son nez – juste au moment où je commençais à menacer mes gardiens de chanter à tue-tête "Pomme d'api" – et je peux enfin lui faire part de ma demande. Je suis obligée de faire des pieds et des mains pour qu'il accepte d'aller chercher un de ses supérieurs pour la négociation. Et comme je n'ai aucun tact, on parlemente pendant un sacré moment. Quand le vieux boutonneux s'en va enfin, j'ai la bouche sèche et l'estomac qui commence à gargouiller. Gnu, ce que je ne ferais pas pour une gorgée d'eau et une bouchée de pain...!