Un homme arrivait en courant vers le temple. Cela faisait quelque temps qu’il avait rejoint l’équipage de Barbe Noire. Sa force n’était pas à démontrer, pourtant, sur son visage, dans sa voix, la panique transparaissait clairement. Il venait de faire tout le chemin de l’immense bâtiment principal de la flotte du Yonkou jusqu’au non moins impressionnant temple sous-terrain de l’île natale de Marde Guille. Après les événements qui s’y était déroulé, plus personne n’y vivait, du moins c’est ce qu’il se disait. Pour en être sûr, l’obèse avait donc décidé d’y re-poser le pied. C’était cependant risqué, il en était conscient. Tout d’abord parce qu’aucun de ses lieutenants ne l’accompagnait. Ainsi, si Marde se trouvait là et qu’il avait posé des pièges, il y avait des chances pour qu’il se fasse avoir bêtement.
Mais pas seulement : à cause d’Elvis, il se pouvait qu’un nombre conséquent de morts-vivants rôdent dans les environs. Cette île, et plus particulièrement ses souterrains avaient vu nombre de massacres et plusieurs batailles s’y dérouler. Leur nombre, associé à leur « invincibilité » pouvait très bien mettre à mal les pirates venus rôder là. Lorsque la route principale les emmena devant ce fameux temple dont les statues obscènes n’étaient plus entières aujourd’hui, Teach décida qu’on fasse appel aux éclaireurs. Izaya, ainsi qu’une vingtaine d’autres hommes étaient sensés partir dans les différents conduits par pair et faire un rapport à leur capitaine toutes les dix minutes. Ainsi, si des pièges ou des êtres (vivants ou morts) faisaient leur apparition, il le saurait forcément, d’une manière ou d’une autre.
Jusqu’ici, rien d’intéressant n’était survenu. Tous ceux qui parcouraient les tunnels et les anciennes infrastructures du Tartaros avaient toujours répondus présent. Aucune âme qui vive n’avait rencontré leur route, il n’y avait aucun piège et de manière plus étonnante, les créatures d’Elvis étaient totalement absentes également. Chose étrange pour un lieu tel que celui-ci. Barbe Noire, songea d’abord à une alliance entre les deux hommes mais après avoir continuellement entendu que personne ne résidait ici il renonça à cette idée même s’il semblait impossible que cela soit dû à une coïncidence. Cet homme souhaitait tout détruire. Il était puissant. Il parvenait à lever les morts partout dans le monde, cela semblait étrange qu’il ne fasse rien ici.
Alors en pleine réflexion, le barbu souleva sa carcasse et fit quelques pas. Ses yeux passèrent quelques instants sur les colonnes puis les restes de décors du temple. Il ne regardait rien de particulier, il laissait simplement son regard partir dans le vide. Inconsciemment, ses globes oculaires continuaient alors leur route. Ils glissaient sur les crevasses et les autres reliefs présent dans la roche puis c’est le léger clapotis du sang qui attira subitement son attention. Cela faisait partie de cette île, les Guille avaient toujours eu une certaine fascination à voir ce liquide s’écouler dans leur sanctuaire. Le regard éteint du pirate s’alluma alors graduellement. Il repensait aux rapports qu’on lui avait fait. Mis à part ce sang, qui circulait toujours un peu partout et embaumait l’air d’une odeur acre et puissante, uniquement des ruines.
Pour lui qui ne croyait pas au hasard mais plutôt à l’irrémédiable marche du Destin, il ne put s’empêcher d’émettre une hypothèse. Et si ce sang était la clé contre le pouvoir d’Elvis ? Il lui semblait que cette question méritait qu’on s’y attarde. Qu’avaient-ils à perdre, de toute façon ? Il leur suffisait d’en mettre dans quelques barils et d’aller sur une autre île, histoire de savoir ce qu’il en était. Cette nouvelle idée lui donna le sourire aux lèvres. Si c’était là le point faible des zombies, cela voulait dire une nouvelle fois que le Destin était de son côté, qu’il était sur la bonne voie pour triompher du monde entier ! Le gonflement de son égo déclencha son hilarité. Un léger ricanement s’échappa de sa gorge pour faire écho à la roche. Tout cela restait du domaine théorique mais pour notre ami c’était amplement suffisant.
C’est à ce moment là qu’il perçut un autre son qui lui faisait écho. Il n’était pas parvenu à le comprendre étant donné qu’il riait simultanément alors il se tût puis se retourna pour voir d’où cela provenait. Il vit alors une silhouette se rapprocher, il devina la dégaine d’un de ses hommes et attendit qu’il vienne à lui. Il venait d’arriver précipitamment, haletant toujours. Pourtant, la distance qui les séparaient du Radeau n’était pas aussi grande que pour fatiguer un gaillard qui était loin de délaisser sa condition physique. L’édenté compris alors que c’était la panique qui lui prenait autant d’énergie. Qu’avait-il donc de si important à dire ? La Marine les avaient-ils repérés ? Non, il ne pouvait être aussi paniqué pour ça. Alors quoi ?
« A-… Amiral !! On a reçu un appel de,… De l’observateur que vous aviez affecté à la surveillance de Taizone ! La situation est grave ! »
Après avoir repris une grande bouffée d’oxygène, le pirate releva les yeux vers son capitaine. Pas le moins du monde inquiet, un odieux sourire crevait son visage. Savait-il ce qu’il se passait en ce moment même à l’autre bout de Grand Line ? L’homme n’osait y songer, il se hasarda donc à citer le nom du combattant : Charlotte Katakuri, l’un des Sweet Commanders de la Yonkou Big Mom. L’hilarité de l’obèse disparu instantanément. Sans mot dire, il dépassa son subordonné et repartit en direction du navire. Il connaissait le tempérament de son plus récent Commandant. Taizone était du genre à taper sans réfléchir. Il cherchait toujours à se mesurer à un adversaire de son envergure. En cela, il n’était parfois pas différent de Burgess, raison pour laquelle une vivre card avait été créée pour le « Champion ».
Il n’avait jamais eu le temps, par contre, de faire de même pour l’albinos. A la place, il s’était donc assuré que quelqu’un le suive constamment, de suffisamment loin pour garder un œil sur lui sans qu’il ne le remarque. Ce n’était pas dans les habitudes du barbu d’agir ainsi mais à cas exceptionnel, mesure exceptionnelle. A grande enjambées, il réduisait donc la distance qui le séparait du Radeau. Plutôt que d’entendre quelques mots confus d’un messager, il souhaitait directement pouvoir entendre ce qu’avait à lui dire « l’observateur ». Quelques minutes plus tard, alors qu’il arrivait finalement en face du den den mushi, il demanda qu’on le laisse tranquille et il attendit le rapport de ce dernier.
Tendant l’oreille, il ne pouvait que constater que Taizone avait merdé. Il a trouvé le courage (ou l’inconscience) de s’incruster dans un affrontement qui opposait initialement le Cipher Pol et l’homme à la prime de plus d’un milliard. Le pirate à l’autre bout de la ligne étant bien trop loin pour entendre un traitre mot de ce qu’il se disait, il ignorait donc totalement ce qu’ils avaient bien pu se dire. Quoi qu’il en soit, la situation ne pouvait être que grave. Les relations entre Empereurs n’étaient pas du genre cordial sur le Nouveau Monde alors on pouvait s’attendre à tout si cela se passait sur Grand Line. Peut-être Charlotte Linlin y trouverait-elle là le prétexte d’une guerre ouverte ? Même si techniquement, les « Quatre » étaient toujours plus ou moins en guerre d’habitude.
Quel serait l’intérêt de Big Mom là-dedans de toute façon ? Elle ne pouvait transporter tous les trésors qu’elle avait amassé sur un navire. Jamais elle ne laisserait son île, son petit monde, Totto Land sans une armée pour parer à toute éventualité. Le premier qui sauterait sur l’occasion serait certainement Kaidou. Barbe Noire aussi bien sûr ! C’était loin d’être aisé de se séparer de son QG, une fois qu’on en avait un ! Que ferait-elle alors ? Elvis devait indirectement l’ennuyer de toute façon. Pouvait-elle s’allier avec lui ? Cela paraissait improbable. Ce fou voulait détruire le monde, pas régner dessus. Il était à mille lieues des idéaux de l’hideuse femme pirate. Non, l’édenté se disait qu’il devait chercher trop loin… Katakuri allait sans doute vouloir le tuer pour s’être présenté l’arme à la main devant lui.
Assis devant l’escargophone, Teach ne savait pas vraiment quoi penser de tout ce qui lui était conté. Il hésitait toujours entre rire de l’idiotie de Taizone ou bien tuer le malheureux si le Sweet Commander ne s’en chargeait pas. Parmi toutes ces questions, subsistait toujours celle où il tentait de savoir pourquoi cet empoté s’était allié avec le Cipher Pol, sinon que pour se faire capturer s’il relâchait sa vigilance. Dans un premier temps, l’ordre fut donc donné que les deux commandants qui furent le plus proche de Drum soient dépêchés. Ce non-sens devait prendre fin, quoi qu’il advienne.
A peine avait-il donné ses ordres que l’observateur de Taizone tentait de le recontacter. Pas étonnant, un affrontement d’une telle envergure ne présageait rien de bon. D’une voix hésitante, l’homme à l’autre bout du fil commentait en direct ce qu’il se passait. Ils avaient bougé, se battant maintenant au centre de l’île, au pied d’une des cheminées montagneuses. Ils tentaient le tout pour le tout, ils avaient même déclenchés une avalanche mais rien n’y faisait, Katakuri restait à la hauteur de sa réputation. Pendant un instant le pirate cru voir Taizone se faire embrocher mais visiblement, il était toujours motivé à se battre. Le Cipher Pol, lui, n’avait pas fière allure. Certains se battaient toujours contre les hommes du Commandant mais celui qui se dressait avec l’albinos venait de s’enfuir avec une soldate dans ses mains.
Plus le temps passait et plus l’obèse se demandait comment tout cette histoire terminerait. Il avait ordonné que deux lieutenants soient dépêchés sur les lieux, dans l’optique d’y mettre un terme mais là encore, beaucoup d’inconnues : arriveraient-ils avant que quelque chose d’irréversible se produise ? Katakuri lacherait-il l’affaire ? Devraient-ils le combattre également ? Barbe Noire détestait ce genre de situations non planifiées mais jusqu’ici il n’avait jamais perdu fois en le « Destin » qu’il se plaisait à vanter. Alors, pendant qu’ils se battaient, il ne lui restait plus qu’à réfléchir aux suites possibles, sans oublier la raison de sa venue ici ! C’est alors que la communication grésilla. Quelqu’un d’autre essayait vraisemblablement de joindre le Yonkou, il raccrocha donc pour ensuite décrocher directement le combiné.
A l’autre bout du fil, Doc Q et Lafitte. Les deux hommes signalaient que justement, ils étaient tout près de l’île et qu’ils allaient s’occuper de ramener l’albinos. Sachant l’affaire entre de bonnes mains, et donc réglée, l’édenté confirma avoir reçu le message. Une fois qu’il eut raccroché, il soupira. Lui-même n’aurait su dire si cela tenait plus du soulagement ou de l’exaspération mais une chose était sûre : cette altercation allait avoir des répercussions dans le futur. Relevant le visage, le mangeur de tarte reprit conscience de son environnement. Il était toujours sur l’île des flammes et il pensait avoir trouvé le moyen pour se débarrasser des zombies. Puisqu’il avait encore des choses à faire ici, autant qu’il s’y consacre pleinement. Par contre, une fois qu’ils lèveront l’ancre, il devra réfléchir plus avant à ce qu’il comptait faire de son commandant et de ce qu’il avait provoqué…
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