Mais quelle était cette étrange île ténébreuse où le Nazario s'était subitement éveillé ? Un climat plutôt macabre et hostile y régnait, celle-ci semblait destinée à lui jouer de mauvais tour et il en était terriblement heureux qu'il ne pouvait s'empêcher de rire tumultueusement. Ce n'était pas tous les jours qu'après s'être couché sur le pont du Radeau, il se retrouvait mystérieusement au beau milieu de nulle part dans un endroit qui avait l'air d'être abandonné de ses anciens occupants, désert d'une quelconque civilisation, mais pour le moins excitant. Se relevant, il ramassa ses armes qui étaient posées à ses côtés puis se dirigea vers une faible lueur qui brillait loin devant. Il faisait nuit noire ce qui rendait encore plus beau le paysage cependant cette obscurité n'était pas une partie de plaisir pour se diriger entre les objets qui jonchaient le sol.

Au fil de l'avancé de l'albinos, des sons commençaient à se faire entendre, mais ce ne fût que lorsqu'il arriva face un sinistre manège qui tournait encore sur place que son envie d'en savoir plus sur cet endroit grimpait. Des rires d'enfants se propageaient en boucle depuis des escargophones montés en haut de pylônes. Théoriquement cela devait sans aucun doute servir à effrayer les âmes sensibles et concrètement ça ne fit que toujours rire aussi bruyamment le fou aux cheveux blancs qui sentait qu'en avançant, il allait droit dans un piège. Ses yeux rouges sanglant scintillaient dans la pénombre, contrastant avec sa pâleure naturel et sa sombre tenue. Le cannibale collait parfaitement avec cet angoissant lieux, il était un monstre dans un décors de rêve presque fantastique.

Un cri plus qu'humain vint ensuite le sortir de son enjouement, il n'était pas seul. Ce cri ne pouvait venir d'un détracteur, c'était une voix féminine et celle-ci paraissait vraiment effrayé. Cette personne en savait peut-être plus que lui sur cette île qui lui rappelait l'île des Clowns. Il ne pouvait être sur celle-ci. Il ne pouvait pas être sur la mer de l'est, mais il devait en être sur et trouver cette demoiselle. Il se dirigea alors à l'aide de ses sens jusqu'à la lisière d'un petit coin sombre où reposait des poubelles. Elle était proche. Il sentait sa présence et la forte odeur de déchets qui empestaient. Restant distant, il ne voulait pas la brusquer. Prenant la décision de ne pas entrer dès lors en contact avec elle. Taizone préférait dans un premier temps l'observer afin de voir qui était-elle et surtout si elle savait quelque chose, pour ensuite aller à sa rencontre. Certes c'était une approche digne d'un véritable psychopathe qui observe sa proie avant de sortir les crocs cependant pour une fois, ce n'était pas ce qu'il comptait faire, pour une fois.

Cette sensation d'une tout autre présence, néfaste dans les parages bouleversa singulièrement l'albinos. Il n'était effectivement pas seul sur cette île avec cette pauvre demoiselle qui semblait si innocente et craintive. Il devait savoir qui était cette personne qu'il ressentait, ce n'était pas la même sensation que lorsqu'il avait trouvé la jeune fille affolée. Il abandonna alors celle-ci sans la moindre compassion. Il n'alla pas à son secours afin de la rassurer ou l'aider, la laissant en proie aux ténèbres de cette mystérieuse île en se comportant comme un être inhumain. Mais en quittant son point d'observation, un léger pincement au niveau du coeur et un terrible mal de crâne le terrassa. Taizone s'écroula sur le sol, souffrant effroyablement et se tordant de douleur. C'était affreux. Le bruit des manèges ainsi que des rires d'enfants n'atténuèrent pas son ressenti. Tapant des poings sur le sol, il n'en pouvait plus tandis que les minutes passaient lentement, même trop lentement, son mal grandissait.
Pourquoi fallait-il que cela arrive maintenant ? Cette horrible chose qu'est la conscience ne pouvait-elle pas rester muette ? Après tous les crimes et indignes méfaits commis, ce n'était pas le moment de retomber sur le dit droit chemin et même s'il le souhaitait, revenir en arrière lui était impossible. Ces moments où le monstre redevient humain, c'est qu'il est temps d'assumer ses actes aussi durs soient-ils dans son cas, mais il n'arrivait pas. C'était trop difficile. Il ne pouvait faire face à la réalité. Attrapant dans un geste d'affolement son couteau, il le planta dans la jambe avec hargne. Ce n'était pas un geste dénué de sens, car la simple vue du sang s'échappant de son membre l'aida à redevenir ce qu'il était désormais, le personnage sans conscience. Le sang était un remède miracle.

Ses esprits retrouvés, il arracha une des manches de sa sombre tunique. Il fallait bander la plaie pour ne pas qu'elle s'infecte. Il noua la manche au-dessus assez fort pour ne pas perdre davantage de sang puis se releva avec difficulté. Sa jambe était une nouvelle souffrance. Son mal de tête quant à lui ne l'avait pas tout à fait quitter. Le Nazario devait faire attention le temps qu'il se dissipe à ne pas trop forcer sur ses capacités.

Une forme approchait dans la maigre brume qui se dressait devant lui. Serait-ce la présence néfaste ? Il ne pouvait le croire. Il ne la ressentait plus et celle qui approchait ne semblait pas si dangereuse alors il décida de s'en approcher.

Tirant sa boiteuse jambe, il arriva face à une jeune fille aux cheveux roses qu'il n'avait encore jamais rencontré. Prudemment, l'albinos s'avança jusqu'à se tenir à quelques mètres de sa personne tout en gardant une main dans son dos sur son couteau pour pallier àtoute éventualité.

- Hello miss, tu es perdue toi aussi ?