Nous avions accosté sur cette île depuis quelques minutes à peine, ma tête bourdonnait incessamment, me prévenant d'une migraine à venir. La journée étant prévue comme un moment de détente pour tous, je trouvais un endroit retiré afin de me reposer et faire passer cette désagréable sensation. Adossé à un palmier, je fis mon somme et revins à la conscience avec une ardeur nouvelle qui malheureusement, devait s'achever comme tant de fois, en énergie réflexive, me tourmentant de raisonnements dichotomiques.
C'est ainsi qu'en marchant sur le sable gris de la plage, regardant mon uniforme blanc, je me mis à songer au fait qu'il pouvait être une référence à la paix. Mais comment cela se pouvait-il? Nous combattions tant, nous semions autant le chaos que ceux que nous pourchassions. Se pouvait-il que tout repose uniquement sur le concept de justice? Ce concept d'ailleurs qu'était-il? Et pourquoi devait-il être si divergeant?
J'essayai de tout reprendre depuis le début. La Marine, tout comme les pirates, s'employaient à faire régner leur ordre, leur ordre étant invariablement soumis au chaos, lorsque celui-ci était contrarié. Ce qui restait à combattre dans les deux cas était donc le chaos, chose causée par les deux partis. Ce qui techniquement rendait égaux, Marine et pirates, chose inconcevable et pourtant raisonnablement pensable. Ce qui devait donc être combattu, c'était la cruauté et donc formulé autrement, son inutilité. Donc tout n'était qu'une notion d'utile et d'inutile finalement, ce qui amenait naturellement au concept de justice utile et inutile, discipliner un ennemi docile est inutile puisqu'il se pliera de lui-même. L'insoumis quant à lui, devra être soit ramené au chemin de la justice, tel un égaré, ou perdu à jamais, autrement dit liquidé.
Le problème fondamental, restait toujours sa divergence suivant les appartenances, il s'agissait toujours d'une «justice de» quelque chose, jamais on ne pouvait observé d'universalité, de contentement commun, toujours des gens devaient souffrir, par des décisions définies comme souverainement bonnes.
J'en venais à finalement me dire qu'il était impossible de tenir une position d'un seul bloc, il fallait faire des distinctions, des arrangements, des compromis, laisser les idées s'adapter aux situations et non pas tout régir d'une main de fer, adopter la souplesse du roseau.
Bien entendu, je n'oubliai pas mon statut de simple soldat, mais plus tard, après encore bien d'autres aventures, une fois un statut et une force suffisante acquis, je pourrai créer l'ordre qui me vient à l'esprit chaque fois que je me prend à rêver de quelque chose de plus juste. Je vois déjà l'étendard, je vois déjà tous ce qui fera que l'on nous reconnaîtra. Ce sera magnifique, même si je sais qu'il faudra faire face à quelques inimitiés. L'aventure devait continuer.
C'est sur cette note optimiste que la journée toucha à sa fin et que nous reprîmes la mer pour d'autres péripéties.
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Sujet: De la Justice (One shot) [Terminé] 