Ce soir là, la fête battait son plein au sein du Gazzara Crew, équipage où Barbara faisait son nid depuis quelques temps déjà. Il s'agissait d'une bande de pirates plutôt moyens qui ne brillaient ni par leur talent ni par leur férocité, mais qui avait une petite réputation dans l'archipel d'îles où elle voyageait en ce moment. L'immaculée les avait rejoint en tant que navigatrice, et cette occasion lui avait permis d'étoffer un peu plus ses connaissances en la matière, notamment en ce qui concernait la navigation en eaux peu profondes et les changements de cap soudain. Tout ce qui lui permettait de parfaire son registre, elle prenait.
L'équipage du Gazzara était récemment parvenu à commettre un casse digne de ce nom, le premier depuis un moment, et de ce fait une sauterie s'imposait. Unique femme de l'équipage, Barbara s'était vue offrir une ravissante robe rouge fendue sur un côté. Le cadeau avait beau être sympathique, la jeune femme se demandait si ce n'était pas un cadeau qu'ils se faisaient à eux-même en le lui offrant: le vêtement mettait significativement ses atouts en valeur, notamment grâce à une large ouverture au niveau de la poitrine.
Ce n'était pas son genre de vêtement, mais elle fit un effort et l'enfila. Si la blanche avait bien compris quelque chose, c'est que la moitié des décisions prisent pas un homme l'était avec son entrejambe. Flattez la bête et reine vous deviendrez.
Pour l'occasion, Barbara avait décidé de pousser la chansonnette. Simple talent ou effet secondaire de son fruit du démon, le fait est qu'elle chantait juste et bien. Cette fois encore, elle pouvait remercier l'un des nombreux équipages auquel elle s'était jointe.
Les hommes la complimentèrent, poussèrent divers sifflements mais ne l'écoutèrent que d'une oreille distraite, leurs blagues graveleuses et leurs verres renversés accaparant toute leur attention.
Tandis qu'elle descendait de l'estrade à la suite de sa performance, son Capitaine lui fit signe de venir le rejoindre. Elle s'exécuta et prit même soin de venir s'asseoir sur ses genoux. Alors qu'elle réfléchissait à ce qu'elle pourrait bien lui demander, l'amazone sentit l'une de ses mains glisser autour de sa taille, caressant les plis de sa robe au passage.
« Alors, mon petit oiseau, mon cadeau te plaît ? J'étais certain que cette couleur t'irait à ravir. »
La couleur. Ah oui, ça elle n'en doutait pas, il avait choisi cette robe uniquement pour sa couleur écarlate qui ne mettait pas du tout en valeur ses yeux céruléens. Barbara se força à sourire, avant de lui passer ses bras autour du coup.
« Tu sais exactement comment me faire plaisir. Mais je peux te dire quelque chose ? Une parure pour l'accompagner serait du plus bel effet, tu ne penses pas ? »
Elle lui avait murmuré cela à l'oreille, étalant au passage l'ouverture de sa robe à sa vue. La blanche n'avait jamais compris cette fascination des hommes pour les seins, à ses yeux c'est comme si elle s'extasiait devant leur pomme d'Adam. Aucun intérêt.
Ce qui la faisait infiniment plus vibrer, c'était l'excitation d'une bataille. L'adrénaline des combats, les cris, la fougue, la force. Elle était née pour combattre, pas pour servir de soutient en gardant le bateau ni pour être exposée comme un biblo.
En tout cas, ses mots avaient fait sourire son supérieur qui se mit à rire à gorge déployée. Merci à toi, ô doux breuvage alcoolisé.
« Voilà un canari qui sait ce qu'il veut ! Viens, suis-moi, on va te trouver ça ! »
Il se leva puis l'empoigna par le poignet, avant de la traîner à travers la salle entre chaises renversées et hommes beuglants. Canari. Barbara aimait bien ce surnom. La Marine l'avait baptisée ainsi suite à la mise à prix de sa tête du fait de ses pouvoirs, et ça ne lui déplaisait pas.
Rapidement, ils quittèrent la salle commune du navire pour rejoindre l'antre du capitaine, où le butin le plus précieux avait été stocké. Il la lâcha afin de fouiller la pile qui s'étendait sur le bureau, et finit par en tirer un long collier en argent tressé serti d'une belle émeraude en son centre.
« Approche-toi que je te l'attache ! »
Doucement elle le rejoignit et écarta ses longs cheveux blancs, lui dévoilant ainsi sa nuque. L'homme le lui passa autour du cou, et passa l'anneau dans le fermoir. Profitant d'un miroir qui traînait non loin, Barbara admira le rendu un instant. C'était pas mal. Il y avait mieux, mais c'était pas mal.
Dans le même temps, le capitaine du Gazzara Crew se mit à embrasser sa nuque tout en refermant ses bras autour de sa taille. Un frisson parcouru son échine. Ce n'était pas de l'excitation. C'était un message d'alerte. Barbara du se retenir pour ne pas lui briser la nuque. Ses jointures devinrent blanches, et ses ongles s'enfoncèrent dans ses paumes. Elle ne résisterait pas, c'était trop pour elle.
La Kuja fit volte-face, et planta ses yeux bleus dans ceux bruns du mâle qui lui faisait mal. Elle lui adressa un sourire, avant de le pousser sur la chaise qui se tenait derrière lui.
« Entreprenante... J'aime ça chez une femme ! Et maintenant, viens voir Papa de plus près ! » lui lança-t-il.
Avec une lenteur calculée, l'amazone se glissa dans son dos, laissant l'une de ses mains caresser son torse. Elle finit par se pencher vers lui, avant de l'embrasser sur la tempe.
« C'est dommage, je te trouvais gentil. Pourquoi les hommes agissent-ils tous de la sorte ? »
Il lui lança un regard interrogateur, mais c'était trop tard. Déjà Barbara avait formé un pistolet avec ses doigts, et il n'eut pas le temps de prononcer le moindre mot qu'une balle hyper concentrée en infrasons lui vrilla le crâne. A bout portant, le pauvre bougre ne pouvait s'en sortir.
« On dirait que mon aventure au sein du Gazzara Crew prend fin ici. Autant se servir du temps qu'il me reste à bon escient. »
Ce temps, elle l'utilisa pour rassembler ses affaires et dérober les objets ayant le plus de valeur. En soit, l'argent ne l'intéressait pas, mais il lui était indispensable sur ces mers. Elle profita également de l'occasion pour mettre la main sur deux cartes, dont l'une lui semblait plus intéressante que l'autre. Elle les glissa avec le reste, et quitta le navire.
Barbara se félicitait de ses progrès. Après tout, il y a encore quelques années il suffisait qu'un homme qui la touchait de la sorte pour qu'elle déchaîne ses pouvoirs sur tout le navire.
Une question se posa pourtant: où aller désormais ? Il lui fallait trouver un nouvel équipage. Un auprès du quel elle pourrait réellement progresser, et où elle ne serait pas mise de côté pour être une femme. Retourner à Amazon Lily lui était encore impossible, alors il faudrait improviser.
Le navire ayant fait halte sur l'île de Jaya, la jeune femme utilisa l'argent dérobé afin de prendre une chambre dans l'un des hôtels de la ville. Chercher à taton dans l'obscurité ne mènerait à rien si ce n'est à des problèmes.
Le lendemain, Barbara s'était changer pour revêtir quelque chose de plus adapté. Voulant être prise au sérieux, elle opta pour justaucorps noir saillant ainsi que d'une paire de cuissardes lui remontant jusqu'à mi-cuisse. Au moins avec cela, elle serait libre de ses mouvements.
Une fois prête, elle se mit à arpenter le port de la cité, en prenant soin d'éviter le bâtiment sur lequel elle voyageait jusque là. Depuis le temps, ils avaient du comprendre ce qu'il s'était passé, ou alors ils ne tarderaient pas à le faire.
Après de longues minutes de recherches, le regard de l'immaculée finit par être attiré par un pavillon en particulier: celui d'un crâne entouré de sable et muni d'un crochet doré. Le lien n'était pas difficile à faire. Le navire qui mouillait devant elle était celui du pirate et ex-Shichibukai Crocodile. Ce type était exactement ce qu'il lui fallait. Une chance comme celle-ci ne se présenterait pas deux fois. Son sac à dos sur l'épaule et Belarion enroulé autour de sa taille, Barbara s'avança sur le ponton jusqu'à tomber sur un homme d'équipage.
« Bonjour ! Excusez-moi, je suis à la recherche de Sir Crocodile,
ce navire est bien le sien, n'est-ce pas ? » l'interpella-t-elle.
Il la reluqua trois secondes montre en main, avant de pouffer de rire et de l'envoyer balader. Très bien. S'il ne voulait pas l'écouter, elle le forcerait à le faire.
Elle s'approcha davantage de lui, avant de lui balancer son pied dans la figure. Le coup le fit chuter, et elle en profita pour reposer sa question.
« J'ai dit: je suis à la recherche de Sir Crocodile, pourriez-vous m'aider à le trouver ? »
Ras-le-bol de jouer les greluches juste bonne à faire bander des imbéciles à peine pubères.