L’argenté ne bénéficiait pas d’un point de vue optimal pour voir ce qu’il se passait sur le pont du navire. Tout au plus, il voyait les nombreux zombies à bord, leur regard certainement attiré par l’arrivée brutale de Finnian. Quelques longues secondes passèrent avant qu’il ne revoie son collègue perché sur le mât du navire, il ne souriait plus. Pour quelqu’un comme lui, cela voulait certainement dire qu’il était en difficulté ! Chose plus étrange encore, Matthew sembla percevoir des applaudissements. Il tenta de tendre l’oreille, mais lui-même étant resté sur la terre ferme, il préférait garder un œil sur les zombies qui commençaient à s’agglutiner tout autour de lui.

Qu’attendaient-ils d’ailleurs pour se ruer sur lui ? Peut-être était-il agile mais contre une foule pareille de revenants, il risquait fort d’y laisser la vie. C’est alors que le blondin déboula ; s’il avait foncé dans le navire au départ, maintenant il venait d’atterrir pile à côté du faucheur. Au pied du mur, ou plutôt dos à dos, les deux agents voyaient doucement se refermer autour d’eux une foule compacte de personnes revenues d’entre les morts. L’agent du CP3 articula un avertissement mais notre ami l’aurait compris même s’il n’avait rien dis. Le chef, un homme aux cheveux roux, descendit à son tour de l’embarcation qui peu à peu s’enfonçait dans l’eau noire.

Prenant la parole, il se présenta à eux. Parfaitement calme, le regard acéré et habillé de façon traditionnelle, Keith avait tout l’air d’être un prince mais pas du même acabit que des monarques vaniteux ou imbus d’eux-mêmes, non. Lui, donnait l’impression d’être un parfait stratège, ce qu’il ne tarda d’ailleurs pas à prouver. D’un calme olympien, il coupa la parole du manieur de hache puis détailla la situation. Il voulait qu’ils coopèrent, argumentant qu’il souhaitait aussi voir son père tomber, qu’il les avait laissé faire mais que cette usine ne pesait que bien peu de choses dans la machine de guerre montée par Elvis et enfin, termina sa prise de parole théâtrale en leur annonçant qu’il avait des renseignements à leur fournir.

Si tout ce qu’il venait de déclarer s’avérait exact, alors les potentielles informations qu’il avait en sa possession seraient vitales pour défaire Elvis. Cependant, était-ce seulement la vérité ? Les liens familiaux étaient souvent plus forts que ceux provenant de relations amicales. N’ayant pas pu glaner suffisamment d’informations, le Cipher Pol n’était au courant d’aucune mésentente familiale qui aurait pu leur servir. Il ne fallait pas ignorer que tout ce cinéma pouvait légitimement faire partie d’une machination plus large visant à détruire une fois pour toute le Gouvernement. Après tout, quelles garanties avaient-ils ? Les laisser en vie ne signifiait rien.

Restant tout deux sur leurs gardes, la situation évolua malgré tout inévitablement vers un affrontement, Keith désirant les tester. Les deux collègues évitèrent la lame d’air mais cela voulait également dire qu’ils s’approchèrent un peu trop près des zombies. Après avoir pourfendu d’un large coup de faux les abominations qui tendaient les bras vers lui, Matthew refit un mouvement vers le centre du cercle, tout en reportant son attention sur Keith - il ne doutait pas que Finnian se débarrasserait tout aussi facilement que lui du menu fretin – et en lui posant une question somme toute légitime :

Et qu’est ce qui nous prouve que ce que vous dites est exact ? Pour le même prix, vous pourriez nous tromper et, par les biais de fausses informations, piéger ensuite les meilleures forces du Gouvernement !

L’interrogation ne sembla pas plaire à l’intéressé qui fondit sur Matthew a une vitesse équivalente à celle d’un Soru. Le balafré para le coup avec succès mais le squelette de son arme perdu l’une de ses côtes. Il allait falloir faire attention à sa force ! Cependant, l’argenté ne se laissa démonter. D’un mouvement de ses poignets, la lame, qui était de son côté, pivota, il ne lui resta plus ensuite qu’à déporter sa force vers le haut de sa faux pour déséquilibrer leur corps-à-corps et espérer trancher ou blesser le roux à la tête. Il restait malgré tout prudent quant à cet espoir. Leur confrontation ne risquait pas d’être aussi aisée.