Le navire en provenance d’un des nombreux QG de la Marine fendait les flots sans la moindre inquiétude. A son bord se trouvait bon nombres de recrues vêtues de blanc qui nourrissaient l’espoir fou de quitter l’armée régulière afin d’intégrer un autre corps gouvernemental : le Cipher Pol. Ce groupe était, en quelque sorte, l’élite de l’armée. Son but premier était d’aller sur le terrain lorsque les dirigeants du monde estimaient que la Marine serait insuffisante. Faire partie de cette organisation était un immense honneur, du moins pour certains, et semblait faire rêver bon nombre de soldat. Parmi ces rêveurs se trouvait Kiiro qui, après avoir bataillé comme une guerrière contre Crocodile, avait reçu une lettre lui indiquant qu’elle avait obtenu une promotion au sein du Cipher Pol.

À la lecture de cette dernière, Kiiro s’imaginait déjà offrir à sa fiancée le monde de paix qu’elle lui avait promis un peu avant son départ. En effet, afin de réaliser son rêve, quoi de mieux que d’être en première ligne afin de participer activement à ce but qui semblait utopique malgré tout ? C’est donc avec cet espoir en tête que la jeune femme du désert posait pied à Marijoa.

Les recrues furent accueillies par un haut gradé qui leur expliquait l’importance de cette nomination ainsi que le vaste projet auquel ils allaient désormais participer jusqu’à la fin de leurs jours. Kiiro fut conduite dans un dortoir avec pour seule compagnie, quatre autres soldats de la Marine. Sans même avoir eu le temps de faire connaissance, un homme au visage brûlé fit son entrée dans le dortoir. Son regard froid dévisageait les personnes se trouvant devant lui avant de sourire légèrement.

- Alors c’est vous mon équipe ? J’espère que vous valez mieux que ce que vous paraissez être. On dit que les apparences sont trompeuses, alors j’espère que vous ferez honneur à ce vieil adage.

Devant le silence qu’il venait d’instaurer, son sourire se faisait plus large. Cet homme était de ceux capables de captiver les gens et d’imposer le respect par de simple phrase. Visiblement ravi de l’effet obtenu, il reprit la parole sans attendre.

- Je me nomme Aisu Ao. Je serais votre capitaine durant l’ensemble de votre affectation dans le Cipher Pol 3. Vous avez été désigné pour intégrer mon unité en fonction de vos faits d’armes dans les rangs de la Marine. D’ordinaire, je ne demande que les meilleurs. Aussi, j’espère et j’attends de vous, une exemplarité à toutes épreuves. Je ne tolérerais pas le moindre écart de conduite dans mes rangs. Me suis-je bien fait comprendre ? Bien. Je vous souhaite donc la bienvenue dans ma brigade. Je vous laisse entre vous pour que vous puissiez discuter et faire plus ample connaissance. Tissez des liens solides entre vous afin de couvrir vos arrières. Lorsque l’on connaît ses alliés, il est plus simple de se reposer sur eux.

Il tournait les talons, quittant le dortoir et laissant les cinq jeunes recrues toujours murées dans le silence. Ce fut Kiiro qui brisait le silence.

- Moi s’est Kiiro. Enchantée de vous connaitre.

La phrase que venait de lâcher la blondinette n’eut pas l’effet escompté. Et pour cause, ses acolytes, au nombre de trois, n’eurent même pas un geste poli à l’encontre de Kiiro qui, fatalement, se retrouvait comme une idiote à parler toute seule. Faisant la moue, la guerrière du désert déballait son sac en marmonnant différents propos envers ses camarades de chambre. Rapidement, son lit fut recouvert d’une multitude de peluches offerte par sa famille et par Randi avant son départ pour le Cipher Pol. Cette collection de fourrure synthétique se fit rapidement remarquer par le garçon au teint mâte qui ne pouvait réprimer un rire moqueur.

- Hey fillette !!! Ici, c’est l’armée, pas un jardin d’enfants. Moi, je suis un combattant, pas une nounou. Putain, je n’arrive pas à comprendre pourquoi une mioche comme elle se retrouve dans le groupe.

Il tendit la main pour prendre une peluche en forme de souris jaune que lui avait offerte Randi lors de son dernier anniversaire et Kiiro poussait un petit cri quand elle la voyait quitter son lit. En vain, elle tentait de la reprendre, mais l’homme la maintenait hors de sa portée.

- Non mais sérieusement. Pourquoi t’es là au juste ? T’es la fille du chef ou quoi ? Ça me donne envie de gerber toute cette guimauve ambiante. Je suis certain que tu ne sais même pas te battre la mioche.

- Rend moi ma peluche !!!! J’y tiens énormément !!!! Elle est de Randi !!!!

- Randi ? C’est qui ça ? Ta copine de crèche ? Tu me fais pitié. Je serais toi, je me casserais vite fait avant qu’il ne t’arrive des bricoles.

Une voix s’élevait dans la chambre. Une voix forte, mais d’une douceur inégalable. Le timbre de cette dernière eu l’effet surprenant de stopper net le garçon qui tournait la tête vers la femme habillée de noir.

- Laisse la tranquille Ajeel. Si elle est avec nous, c’est que le chef juge qu’elle est apte. Ne fais pas l’enfant et rend lui sa peluche. Tu vois bien qu’elle est précieuse pour elle.

Ajeel pestait avant de jeter la peluche dans les bras de Kiiro puis il retournait s’allonger sur son lit. La seconde demoiselle, quant à elle, s’approchait de son homologue du même sexe avec un magnifique sourire.

- Excuse le Kiiro, c’est bien ça ? Il est de mauvais poil, car il ne supporte pas d’être enfermé. Moi s’est Kuro, je suis également enchantée de te rencontrer jeune demoiselle. Excuse-nous de ne pas t’avoir accueillie comme tu l’espérais, mais on s’attendait à tout sauf à toi. Il faut dire que l’on nous a dit qu’il y aurait une personne ayant participé à la bataille contre Crocodile. On imaginait quelqu’un de plus impressionnant disons.

Kuro continuait de lui sourire avant de lui montrer le dernier garçon qui était resté silencieux depuis le début de la rencontre.

- Celui qui reste muet, c’est Ringo. Depuis que je suis arrivée, il n’a pas décroché un mot. J’ignore pourquoi, mais bon.

Une sonnerie se fit entendre et Ajeel bondissait de son lit en criant que c’était l’heure de la soupe et qu’il avait les crocs. La petite troupe quittait donc le dortoir, laissant Kiiro seule un petit moment, serrant sa peluche en forme de souris contre sa poitrine.

- Pika je ne sais pas dans quoi je me suis embarquée, mais ils sont tous très étranges ici. Je vais bien m’amuser, je le sens.