L'homme qui venait de sortir de la brume avait tout l'air d'être dans la même situation pénible mais toutefois excitante que l'albinos. L'observant avec une certaine méfiance, il ne l'avait auparavant jamais encore rencontré. Leurs routes venaient donc pour la première fois de se croiser. Celui-ci tua le silence qui s'était abattu lorsque le monstre fut sauvagement décapité des mains du pirate, il le remercia puis mentionna les créatures. C'était clair à partit de là, il n'était réellement pas le seul à en avoir croisé cependant il fut troublé par ce qu'ajouta cet individu à la fin de sa phrase, quelque chose d'étrange qu'il eu du mal à comprendre. C'était à propos d'une ombre. Une ombre récupérée mais il ne préféra pas s'attarder sur le sujet, pensant avoir mal interpréter. Il s'appelait Anzû, c'était un prénom pour le moins original qu'il n'avait jamais entendu. Étant le seul portant un tel nom dans ses connaissances, il pourrait aisément se souvenir de lui si après cette stupéfiante aventure, ils venaient à se croiser dans le vaste monde.
Malgré toute les croyances sur l'équipage de Teach, parmi tous les membres le composant, une majorité possédait des règles à respecter, comme celle de politesse. Ces règles de politesse étaient de loin les plus importantes et ces mêmes règles se trouvaient être souvent la principale source de conflit sur le Radeau. Le Nazario pouvait sortir de ses gonds pour une atteinte à ses fameuses convenances. Cet homme qui venait de lui parler était poli et cela repoussa la bête au profit de sa part d'humanité.

- Hello mister, je m'appelle Taizone et pas besoin de me …

Des tremblements de terres accompagnés par un signal sonore assourdissant le coupèrent sans une once de respect. Une foule en panique déboula de nul part, criant comme si le mal en personne les pourchassait mais malheureusement pour l'albinos se ne pouvait être ses compagnons de voyage. Une créature les poursuivait. Une créature plus horrible et bien plus grande que la prétendante arrivait et malgré cela, son sourire machiavélique ne le quitta pas. La bête était prête à affronter le monstre. Il n'avait d'yeux que pour cette horrible créature qui accourait pour les dévorer. A cause de cela, il fut bousculé dans tous les sens par la foule apeurée dont il avait oublié l'existence et projeté au sol. Comment avait-il pu oublier qu'une masse aussi bruyante approchait ? Sérieusement, il était vraiment un être à part pour pouvoir oublier une chose aussi visible. Il avait pourtant réussi à oublier que sa jambe était lourdement blessée depuis que pour se sortir d'un triste état, il en était venu à planter son couteau dans sa jambe mais le fait d'être bousculer si violemment avait eu pour effet de lui faire recouvrir la mémoire. Il était tombé sur le dos, il avait mal.

Se relevant en s'aidant de son sabre, il ne voulait pas poser sa main gauche qui était recouverte d'acide sur le sol, il souhaitait l'utiliser contre l'immense créature qui fut attaqué par Anzû. Ce même homme venait de lui sectionner la main, c'était un coup parfait qui allait certainement leur donner l'avantage. La créature était en colère et le Nazario aimait sentir cette colère chez ses adversaires car grâce à elle, ils finissaient aveuglés avant de mourir.

Entre le pirate et Anzu qui était proche de la créature, une nouvelle personne arriva. C'était la fille qu'il avait approcher avant qu'elle ne le quitte pour s'aventurer dans la brume. Elle était toujours en vie. Elle semblait ne pas avoir remarqué sa présence néanmoins il favorisa cette situation.
Il resta ainsi en retrait, laissant la bête prendre possession.

La bête lorsqu'elle prenait possession de l'être de l'albinos, ne le laissait pas indifférent car ce n'était plus lui qui contrôlait ses pensées et ses mouvements. Il n'était plus l'homme que tout le monde connaissait même si en réalité, la bête n'était que la véritable personnalité du pirate. Une personnalité qui aurait du ne pas exister et qui se retrouve désormais comme la principale. Celle qu'il préférait cacher pour rester un minimum humain car quand cette bête prenait les commandes, il n'était plus qu'un animal suivant ses pulsions. Il devait la garder cacher, la laisser enfoui au fond de sa tête pour ne la ressortir qu'en cas de réel danger. C'est ce qu'il faisait. C'était difficile car il n'avait plus aucun contrôle sur lui et ne ressentait plus rien, ni sentiment ni douleur. Cependant une fois l'autre personnalité de retour, tout lui revenait dans un même moment dans un espace de lucidité. Il ne vivait pas plus sinistre et redoutait à chaque fois cette étape du processus.

Taizone était près à se lancer dans un assaut contre la créature qui lui faisait face. Il rejoignit ses compagnons du jour mais n'était plus le même. Il n'était plus celui qu'ils avaient rencontrer plus tôt. La lueur dans ses yeux couleur sang avait changée, elle était démesurément plus étincelante.

La monstruosité verdâtre ressemblait à un immense cadavre en décomposition. Il était similaire à ceux qui les avaient attaqués mais bien plus colossal. Il n'effrayait pas le Nazario mais préférant ne pas le sous-estimer, l'albinos avait une joyeuse envie de libérer toutes ses pulsions violentes sous forme d'un anéantissement pur et simple.

La bête ne voyait la chose que comme une vulgaire proie. Elle avançait sans la moindre peur de se faire attaquer ou dévorer tandis que le monstre arrivait avec une incroyable pointe de vitesse. Sa seule main qui lui restait, depuis que la montée de Anzù avait pris la seconde, alla s'abattre près du pirate. Ayant vu le coup venir, il réussi à esquiver mais pas sans risque. Lorsqu'il sauta sur la gauche afin d'essayer de contre-attaquer, il avait malheureusement oublié que sa jambe gauche était sanguinolente. La blessure qui était profonde fut encore plus désagréable mais cela, il ne pouvait le ressentir. N'étant plus que la bête, il faudrait attendre de redevenir l'humain pour que tout lui revienne.
S'étant aidé de son sabre pour ne pas flancher au sol, il s'aida de celui comme d'une béquille et s'activa afin de reprendre de la distance avec la chose.

La monstruosité verdâtre avait fort à faire contre les deux individus qui se battaient côte à côté avec tant de ferveur. Ils se donnaient corps et âmes dans cette bataille pour vaincre. C'était plaisant à voir cependant lui aussi avait envie de s'acharner tel un animal féroce sur une inoffensive prise. Dans le cas présent, il était vrai que la proie n'était pas si inoffensive mais cela n'enlevait en rien le sentiment de supériorité que ressentait l'albinos à son égard. Il n'avait pas peur. Il ressentait cette rage d'anéantir tout ce pourrait se mettre en travers de son chemin comme on écrase un vulgaire insecte d'un coup de main. Pour ce type d'adversaire, un coup de main n'allait évidemment pas suffire, il fallait être plus radical.

La bête fixait avec attention la créature qui, occupée à affronter les compagnons d'infortune du Nazario, ne s'occupa pas de son cas. Restant au second plan, il les laissa s'occuper sans vraiment le savoir de distraire la chose. Il avait été oublié et cela l'arrangeait indubitablement. De cette manière, il allait aisément pouvoir lancer une offensive qui pourrait par chance être la dernière. Sans réfléchir une seconde à un quelconque plan, il se lança avec frénésie sur sa cible. Il n'était plus qu'une bête assoiffée de violence qui devait se libérer de ses envies. Il allait pouvoir le détruire avec toute l’animosité qu'il avait en lui.

Taizone profita de sa position pour prendre le dessus sur la créature avant que celle-ci ne puisse riposter d'une vive accélération. Elle ne l'avait pas remarqué. Passant près de sa jambe droite, il taillada d'un robuste coup avec la lame de son sabre, la zone du tendon d’Achille. Ce ne fut pas assez profond pour que sa jambe cède, pourtant il tomba sur le genoux. Il fallait profiter de l'ouverture et il savait comment en profiter. Sa main gauche était couverte d'acide. Il décocha une boule d'acide à peine consistante qu'il envoya en plein dans ce qui restait du visage de la chose.

L'expression de satisfaction n'avait pas quitté son visage. Il était fier de ce qu'il venait d'accomplir. Il avait créer une brèche importante qui pourrait permettre de facilement mettre un terme à son existence. La bête contemplait son œuvre. Restant près de la créature qui poussait des hurlements, il se tenait prêt pour la dernière offensive. Il était temps d'en finir.

Taizone avait lancé l'offensive finale qui allait permettre aux trois compères d'en finir avec la créature. Son ego s'en voyait flatté, tout autant que la bête qui le dominait. Il aimait ressentir ce sentiment lorsqu'il possédait une emprise totale ou plus ou moins partielle sur un adversaire qui dégageait une certaine puissance. Avoir la mainmise sur un adversaire faible, cela ne l’intéressait pas, puisqu'il n'avait dans ce cas, le moindre défi à relever. Vaincre un adversaire puissant comportait de véritables défis comme le terrasser en utilisant pu de temps ou en évitant de se prendre des coups voir d'autres assez absurde tel que mettre en colère le plus rapidement possible l'adversaire. Ce n'était pas réellement absurde mais plutôt ingénieux car une fois en colère, celui-ci ne pouvait plus se contrôler. Il était comme l'albinos lorsque la bête avait pris possession de lui, cependant en bien moins dangereux. Une minorité de gens parmi la populace vivant sur ce monde, se trouvaient plus dangereux que la bête. Néanmoins ces gens étaient bien davantage plus menaçant que le pirate aux cheveux blancs.

La monstruosité verdâtre qui dégageait une certaine puissance dévastatrice, n'était plus qu'un monument sur le point de s'écrouler. Son apparence cadavérique se dégradait au fil que le combat passait. Son visage avait été dévoré par l'acide. Elle ne pouvait plus voir ce qu'il se tramait, c'était un avantage crucial. Perdre un sens était une redoutable expérience qu'avait connu Taizone il y a deux ans sur Jaya. Il ne voudrait, s'il avait le choix, ne plus jamais revivre cette expérimentation. Cependant il n'avait pas la possibilité de se prononcer. Le destin était le seul à savoir ce que son avenir lui réserverait. Il avait perdu la vue mais avait eu la chance de rencontrer un homme qui lui avait transmis ses connaissances pour qu'il puisse s'en sortir dans ce monde plein de mystère.

Le Nazario était toujours à quelques mètres de la chose, il la contemplait avant de mettre fin à sa misérable existence. Il devait le faire. Il voulait le faire et il n'allait laisser personne s'en prendre à la créature pour l'éliminer. Anzù s'attaqua à elle en plantant son sabre dans sa nuque mais heureusement pour l'ancien capitaine, il était encore en mesure de pouvoir en finir car la créature tenait debout. Elle était dans un triste état. On pouvait déjà sentir que s'en était terminé.

Taizone rengaina son sabre en prenant son temps. Il n'y avait plus de potentiel menace, du moins pour le moment, même s'il pensait que le « jeu » touchait à son terme. Sa main droite se couvrait d'acide. De nombreuses couches d'acide enveloppèrent sa main qui devint de là, une dizaine de fois plus grande qu'elle l'était à l'origine. Il se mit en garde. Prenant position pour inscrire le dernier coup à l'adversaire à la manière d'un boxer puis envoya un coup de poing avec la rage que la bête contenait. La créature décolla du sol suite à la puissance du choc, son corps attaqué par l'acide.